Chapitre III (suite 2)
B. Les créances banques -Etat
Les créances des banques sur l’Etat sont, dès le début du processus de réforme des entreprises en 1989, au cœur de la démarche d’assainissement et de restructuration du système bancaire. Dix ans après cette date, le Trésor public continue de puiser dans les ressources bancaires pour le financement de l’économie dans un contexte de raréfaction des ressources extérieures, générant une éviction monétaire ayant pour conséquence la privation des agents économiques privés de telles ressources.
Le réajustement intervenu dans la conduite des finances publiques comme expliqué plus haut, à la faveur du développement des ressources d’exportation, a mis fin au processus d’endettement du Trésor à l’égard des banques.
On peut observer en effet l’ampleur de la diminution des crédits du système bancaire à l'Etat, à travers la situation présentée ci-dessous. A la fin de l’exercice 2003, ils s’élèvent à 423,4 milliards de dinars.
En 2004, l’encours des crédits recule à 371,3 milliards de dinars (fin juin 2004), avant de se transformer en une créance nette de l'Etat (29,8 milliards de dinars) sur le système bancaire.
A la fin de 2005, l'encours de la créance nette de l'Etat sur le système bancaire atteint 939,2 milliards de dinars. Il est de 20,6 milliards de dinars à fin 2004.
La période 2005-2007 a vu la mise en œuvre de la quatrième opération de rachat des créances non performantes détenues par les banques sur les entreprises publiques, pour un montant total de 235,176 milliards de dinars. L’essentiel de ce rachat est effectué avant 2007.
Tab 10. Créances détenues sur le Trésor
| 2004 | 2005 | 2006 | 2007 |
Banques publiques Dont obligations de rachat
Banques privées
Total |
789,9
(629,2)
13.5
803,4
|
855,8
(501,5)
20,6
876,4 |
977,5
(590,9)
37,0
1014,5 |
920,1
(556,3)
21,1
941,2 |
Les créances des banques publiques sur le Trésor
sont encore détenues, à fin 2007, au titre des créances non performantes sur les entreprises, à hauteur de 556,3 milliards de dinars.
Les créances intègrent également les titres participatifs et les bons du Trésor.
C. Les crédits à l’économie
La comparaison des données exposées précédemment rend aisée une appréciation fondée de l’importance du crédit bancaire à l’économie.
Tab 11.
2001 2002 2000
Crédits au secteur public Banques publiques 735,098 715,834 701,812
Crédits au secteur privé
264,872 297,91 368,956. (Source : B.A.).
Tout au long des dernières années, les crédits flottaient dans une fourchette allant de 11% à 15%. Le caractère évolutif des avoirs externes a maintenu les flots stables, comme il est perceptible à travers les résultats des exercices suivants :
2006……. + 12,2% ; 2007……. + 15,2%
2008……..+ 15,15 (1er semestre).
Tab 12. Crédits distribué
| 2004 | 2005 | 2006 | 2007 |
Crédits au secteur public Banque publique Crédits directs Achat d’obligations Banques privées Crédits directs Achat d’obligations Crédits au secteur privé Banque publique Crédits directs
Source : rapport 2007 - Banque d’Algérie. | 859,7 857,0 849,7 7,3 2,7 2,7
674,7 568,6 568,6
106,1 106,1
1534,4
92,9% 7,1% | 882,5 881,6 811,3 70,3 0,9 0,4 0,5 896,4 765,3 765,3
131,1 131,1
1778,9
92,6% 7,4%
| 848,4 847,3 751,7 95,6 1,1 0,0 1,1 1055,7 879,2 874,7 4,5 176,5 176,4 0,1
1904,1
90,7% 9,3% | 989,3 987,3 900,1 87,2 2,0 0,1 1,9 1214,4 964,0 959,6 4,4 250,4 250,3 0,1
2203,7
88,5% 11,5% |
En encours total, le secteur privé a bénéficié de 52,8% à fin 2007, dont sont déduites les créances non performantes (Trésor).
Fait notable, le secteur public est dans sa totalité financé par les banques publiques. Le flux de crédit a bénéficié en 2007 aux entreprises privées ; la Banque d’Algérie note dans son rapport annuel pour 2007 que la part du secteur privé atteint, pour 2006-2007, respectivement 83,3% et 79,4%.
Le tableau 7 illustre parfaitement le déséquilibre du couple montant des ressources collectées – montant des crédits consentis ; il révèle également la position de chaque banque au regard du produit bancaire d’ensemble, et permet de déterminer le ratio crédit sur le produit de la collecte.
Globalement, il apparaît que les banques ne transforment pas leurs moyens d’actions de façon optimale. Le niveau des crédits demeure encore faible et les actifs insuffisamment rentabilisés.
Une nouvelle tendance s'affirmait concernant la maturité des crédits octroyés par les banques publiques. Elle révèle la prédominance des crédits à long terme, avec 51,2% ; le crédit à court terme ne représentant plus que 48,8%.
Les dépôts des banques avaient accru de plus de 171 milliards de dinars, entre fin décembre 2005 et fin juin 2006, mais le financement de la croissance impliquait tout un faisceau d’exigences :
- une capacité avérée du contexte à absorber davantage de crédits bancaires ;
- l’importance réelle de la demande de crédits et la solvabilité des agents et entreprises ;
- une aptitude à observer les règles prudentielles dans le cas d’une distribution massive des crédits aux agents économiques ;
- un schéma de concentration des ressources au sein du système bancaire ;
- un rapport demande / offre.
Cependant, ni les autorités ni les banquiers ne sont en mesure d’apporter le moindre éclairage justifié sur le marché, sur les opérateurs ainsi qu’en ce qui concerne la capacité du secteur industriel et économique à absorber les crédits et à les rembourser.
Les banques commencent à peine à entrevoir la faisabilité du processus des bonnes pratiques bancaires, si exigeant en capacités d’analyse et d’évaluation du risque bancaire ; et, pour ce qui est de la gestion comptable et financière des éléments du risque de crédit, de bonne gouvernance et de bonne gestion de l’information et de contrôle, tout est encore à faire.