La République des larbins et des parvenus est
« ré-établie ! »
Comment le régime en place va-t-il à présent légitimer sa persistance, au cœur d’une contestation populaire vent debout ? Quelle réponse tente- t-il de donner à l’indue appropriation de la souveraineté populaire ? Comment s’essaye-t-il à régénérer ses fondements et ses appuis ?
Ne pouvant décemment se prévaloir d’une légitimité électorale, le régime militaro-civile qui gouverne l’Algérie depuis le 13 décembre 2019 s’efforce de faire illusion avec un gouvernement de fonctionnaires, piqué de quelques têtes brunes- entendre plus jeunes- et saupoudré d’une poigné d’universitaires qui se présentent, d’un point de vue politique et en termes de capacités de gestion des affaires de l’Etat, tels des pages blanches.
Cette fonctionnarisation de la pratique gouvernementale, ingénieuse invention du clan Bouteflika, avait été un instrument abouti de mise en œuvre non contestée d’une farouche autocratie. La déconfiture de cette gouvernance et les procès qui en découlèrent ont révélé combien ce paradigme de la gouvernance politique était efficace à soumettre ces fonctionnaires/ membres de gouvernement.
Les procès de deux Premiers ministres et de nombres d’anciens ministres nous ont dévoilé leur profonde aliénation. Profonde, car elle les a dépouillé de toute conscience de leur personnalité, de leur statut et mission.
Cependant, en nous imposant ce succédanée au régime Bouteflika, le collège des généraux et l’aréopage gouvernemental ont affranchi le mouvement populaire des contraintes très lourdes d’avant les élections : il n’aura plus à se mobiliser contre un gouvernement, un chef d’état-major ou contre des élections imposées…
Le mouvement de protestation populaire va pouvoir atteindre dès lors une vitesse de croisière en mettant le cap, comme désormais il le fait, sur l’objectif d’une gouvernance démocratique, qui ne peut que passer par le processus constituant tel que réclamé, mais que l’armée avait refusé.
Le parcours de la contestation pacifique va être très long, ardu et nécessitera une grande patience, un engagement inébranlable - cela peut prendre des mois, voire des années. Si nous concevons l’effort nécessaire dans la durée, si nous admettons que l’objectif d’une société démocratique, d’un État de droit , d’un régime de transparence valent une épreuve de longue haleine, alors il faudrait le crier sans répit, crânement, sans recule possible.
Pour réécrire le pacte social, pour sortir du paradigme qui a prédominé depuis l’indépendance, [autrement dit le pétrole laissé aux soins d’une autocratie, contre l’État providence, au sein d’un système inamovible] - pour le changer dans le contexte actuel, celui d’une présidence non reconnue par la vox populi, une présidence sous la pression du collège des généraux-majors, il nous faudrait pousser la contestation pacifique à son extrême intensité. FH.